Dalí, Magritte, Miró – Le Surréalisme à Paris

Publié le : 29 janvier 20196 mins de lecture

La Fondation Beyeler consacre une grande exposition au surréalisme à Paris, un thème qui n’a encore jamais fait l’objet en Suisse d’une manifestation d’une telle ampleur.

On pourra y voir des oeuvres maîtresses de Salvador Dalí, René Magritte et Joan Miró ainsi que d’autres éminents représentants de ce mouvement.

D’autres formes d’expression novatrices des surréalistes : collages, photographies et cinéma sont également prises en compte.

Le surréalisme est l’un des mouvements artistiques et littéraires les plus influents du XXe siècle. Il s’est développé à Paris dans l’entre-deux-guerres avant de prendre son essor et d’exercer une influence mondiale qui persiste encore aujourd’hui.

Profondément marqués par l’expérience de l’absurdité de la Première Guerre mondiale, les surréalistes ont élaboré sous l’égide du théoricien du groupe, André Breton, des concepts artistiques inédits qui les ont conduits à créer un art différent de tous, qui trouve sa source dans l’imagination poétique, le rêve et l’inconscient.

L’exposition de la Fondation Beyeler comprend plus de 250 oeuvres et manuscrits d’une quarantaine d’artistes et d’auteurs. Ils sont regroupés dans les salles en partie par artistes, en partie par centres thématiques.

On trouvera d’abord des oeuvres du précurseur du surréalisme, Giorgio de Chirico, suivies de celles d’André Masson et Francis Picabia.

Ces travaux sont associés à de précieux manuscrits et à de rares éditions de textes surréalistes, dont les versions autographes des manifestes surréalistes influents d’André Breton.

On découvrira ensuite deux artistes clés de ce mouvement, Joan Miró et Max Ernst. Miró, qui a exploré des espaces encore inconnus par son art onirique et sa couleur suspendue dans l’espace, y figure avec, entre autres, Painting (The Circus Horse) de 1927 du Metropolitan Museum of Art, New York.

Max Ernst est également représenté par des tableaux majeurs, dont la célèbre Femme chancelante (1923) de la Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen. Après une salle consacrée à Yves Tanguy, une place capitale est accordée au thème de l’art de l’objet, central pour le surréalisme.

L’oeuvre majeure est, en l’occurrence, le célèbre objet de Hans Bellmer La poupée (1935–1936) du Centre Georges Pompidou de Paris.

Des dessins et des toiles remarquables de Victor Brauner sont également présents.

Cette exposition se distingue aussi par la présentation de deux collections particulières d’oeuvres surréalistes de tout premier plan. Celle de Simone Collinet, première épouse d’André Breton, n’avait encore jamais été montrée.

Simone Collinet l’avait constituée avec André Breton dans les années 1920 et l’avait complétée après leur séparation. Cette collection comprend notamment la toile monumentale de Francis Picabia Judith de 1929, mais aussi le tableau Le mauvais génie d’un roi de Giorgio de Chirico (1914–15) qui se trouve aujourd’hui au Museum of Modern Art, New York.

Une 2ème salle, conçue en collaboration avec la Peggy Guggenheim Collection de Venise, présente des oeuvres de la collection de Peggy Guggenheim, dont L’antipape de Max Ernst (1941–42), une pièce qui n’est presque plus prêtée. Cette collection incarne la période de l’exil new yorkais du surréalisme parisien pendant la Seconde Guerre mondiale. La présentation de ces deux collections permet de mettre en relief l’aspect essentiel de la mise en scène privée de l’art surréaliste.

D’autres salles accordent une large place notamment à Jean Arp et Pablo Picasso, temporairement très proche du surréalisme. Suit un vaste ensemble d’oeuvres du magicien de l’image, René Magritte.

Son art s’empare de façon inimitable de la réalité visible — pour mieux la détacher de tout ancrage. On en trouve un exemple majeur dans le chef-d’oeuvre précoce La clef des songes de 1930 appartenant à une collection particulière.

Cette exposition fait également place à une sélection concentrée de remarquables photographies du surréalisme, parmi lesquelles des oeuvres de Man Ray, Raoul Ubac, Dora Maar et Eli Lotar. Une salle de projection présente des productions majeures du cinéma surréaliste (notamment de Luis Buñuel, Man Ray).

Ce parcours se referme sur celui qui fut peut-être le plus célèbre des surréalistes, Salvador Dalí, et sur un groupe spectaculaire de ses chefs-d’oeuvre. On verra ainsi L’énigme du désir de 1929 conservée à la Pinakothek der Moderne, München, et la remarquable Métamorphose de Narcisse, 1937, de la Tate de Londres.

Le commissaire de cette exposition est Philippe Büttner, conservateur à la Fondation Beyeler.

Le catalogue de l’exposition contient une introduction à ce mouvement, un commentaire des œuvres exposées et consacre une attention toute particulière à la présentation de l’art surréaliste par les surréalistes eux-mêmes et dans les collections privées. Un catalogue en allemand et en anglais sera publié chez Hatje Cantz Verlag, Ostfildern, avec un tiré à part en Français.

Légende: Salvador Dalí, Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade, une seconde avant l’éveil, 1944, Huile sur bois, 51 x 41 cm, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid © Salvador Dalí, Gala-Salvador Dalí Foundation / 2011, ProLitteris, Zurich

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